Historique - Quinquinas
Arbre de la famille des rubiacées, dont les fleurs réunies en grappes terminales ont une corolle tubulaire, il est originaire du Pérou.

Les conquérants espagnols, au XVI è siècle, en apprirent les étonnantes vertus, non pas des habitants eux-mêmes, mais en observant certains
animaux qui léchaient ''l’arbre à fièvre''.
Les indiens faisaient usage de l’écorce depuis un temps immémorial et l’appelaient quina-quina, l’ écorce-écorce. C'est-à-dire l’écorce par excellence, la plante qui sauve, une sorte de panacée universelle.

C’est aux missionnaires jésuites établis au Pérou après les conquistadores espagnols, dont le célèbre aventurier François Pizarre, dit le Grand Marquis, et ses trois frères, Gonzalez, Hernando et Juan, que les indigènes, longtemps méfiants, confièrent d’abord leur secret. La date de cette divulgation est inconnue, mais on peut toutefois placer la transmission de la fameuse formule aux Jésuites de la Généralité de Lima vers 1530.

On connut donc d’abord la poudre d’écorces de quinquina sous le nom de ''poudre des Jésuites''. De grandes quantités furent expédiées à Rome en 1639. La poudre était distribuée gratuitement aux pauvres.

Officiellement, le quinquina aurait été employé pour la première fois pour guérir le gouverneur de Loxa, atteint d’une fièvre intermittente. Mais c’est de la guérison de la vice-reine du Pérou en 1638 que date vraiment la renommée du quinquina. Elle ordonna des distributions qui firent alors appeler la poudre d’écorce : ''poudre de la Comtesse''.

Les pères Jésuites établis au Pérou, après des envois en Espagne et à Rome, intensifièrent l’exportation du quinquina vers le Vieux Monde, et notamment vers la France. Louis XIV qui, guéri lui aussi d’une fièvre intermittente, acheta très cher aux Jésuites la formule du secret indien et la rendit immédiatement publique.

Les vieux livres montrent que la science du temps, bien qu’à peine balbutiante, avait su discerner tous les bienfaits que tirerait du quinquina la science moderne. Dès 1663, le médecin gênois Sébastien Bados mentionnait les qualités fébrifuges de l’écorce.
A la prière de la Duchesse de Bouillon, nièce du Cardinal Mazarin, qui patronnait l’emploi du quinquina à la Cour comme à la ville, La Fontaine consacra un long poème aux vertus du quinquina et en fit une véritable publicité.

Sous Louis XV, c’est à un français qu’échoit l’honneur de faire la première étude scientifique du quinquina. Au cours des travaux de mesure du méridien terrestre par une mission de l’Académie Royale dans la région Equatoriale de l’Amérique du sud, La Condamine, sur les indications du botaniste de Jussieu, fit une étude très poussée sur l’arbre à quinquina en 1737.

Plus tard, Napoléon Ier, malgré ses préoccupations multiples, n’oublia pas le rôle salutaire du quinquina et en ordonna des distributions aux armées ainsi qu’à ses bonnes villes de France en 1809.

Aux colonies françaises et particulièrement pendant la campagne d’Algérie, le quinquina vit s’accroitre sa renommée. Sous le climat épuisant, pour lutter contre la malaria, seules les distributions de quinquina mêlé au vin, rendirent la santé aux troupes et aux premiers colons.

Les qualités du quinquina avaient trouvé une consécration dans la découverte de la quinine en 1820.

[u]Gaétan Picon[/u] élabore une recette originale appelée Amer Africain, en incorporant de la gentiane et des zestes d’orange au quinquina, et ouvre une première distillerie en 1837 à Philippeville en Algérie, puis une usine à Marseille en 1872. L’apéritif est rebaptisé l’Amer Picon.

L’industrie s’empare de la fameuse écorce en 1846 avec la naissance à Thuir de la Maison [u]Joseph Dubonnet[/u], pharmacien de son état et son ''Vin Tonique au Quinquina'', soit la macération des écorces dans des barriques de vieux vins de liqueur, qui s’exporte dans le monde entier.

La formule est entourée d’un secret bien gardé. Parmi les ingrédients figurent la quinine, la cannelle, des zestes d’oranges amères, des grains verts de café et de la camomille.
Le vieillissement a lieu en fûts de chêne durant deux à trois ans.

La même année, Alphonse Juppet crée le [u]Saint Raphaël[/u], emblématique concurrent du Dubonnet, qui doit son nom aux prières que son créateur adressa au saint afin qu’il l’aide à trouver la bonne recette pour masquer le gout amer de la quinine.

Puis une multitude de marques, plusieurs centaines, apparaissent dans le sillage des trois précurseurs, comme Byrrh, Ambassadeur, Bonal, de nombreux Cap Corse…

Ces vins aromatisés, rouges ou blancs se consomment secs au début, puis les glaçons et le citron apparaissent, puis l’eau de seltz et la limonade.

Après la seconde guerre mondiale, progressivement le mot quinquina disparait des étiquettes.
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2024-09-24


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